Vincent vint

13Mai/16Off

Envie de baffer

Tendra-t-il la joue droite après que sa gauche aura été dûment souffletée? Une première baffe aux régionales; la seconde après l’échec, hélas probable, se sa grande monstrance sur le spectre du réchauffement climatique. Le mois de décembre ne sera guère clément pour notre roi. La bataille des régionales promet d’être sanglante: perdus les duchés du Nord, de Provence et d’Ile de France! Voici le roi entré dans l’âge de glace: un paradoxe pour qui s’efforce, grimé en bonhomme Cétélem, de rallier les Grands de ce monde dans son noble combat contre le réchauffement de la planète. Sa nouvelle doxa ne déplace point les montagnes: ses sujets ont d’autres chats à fouetter. Ainsi du désoeuvrement, des menaces terroristes, des migrants, qui enfièvrent davantage les esprits. Qu’ont-ils à faire, ma chère et tendre, de savoir que le climat se réchauffera de deux petits degrés lorsqu’ils seront tous à sucer les pissenlits par la racine? Mages et imagiers du roi se dépensent sans compter à des fins de prêcher le sermon du catastrophisme et de la fin du monde: l’archiduc Fabius de Pomponné, métropolite de la cérémonie de cette COP 21, étrange barbarisme qui vaut nom de baptême à ce Te Deum de têtes couronnées, sillonne les royaumes: il lui échoit de convaincre des monarques rétifs ou distraits de l’urgence qu’il y aurait à refroidir les cieux avant que vigne ne vienne à pousser chez les Vikings. La nouvelle lubie du roi, vous l’entendez à merveille, n’est point dénuée d’intentions politiques. Se pourrait-on de croire que sa conversion, fraîche comme merlan pêché du jour, est aussi ardente que la foi des zélotes pâmés dans l’attente de l’onction des Saintes Huiles? Peau de balle. Le Flou, notre roi, aurait-il compris que la bataille suprême est déjà perdue en son royaume, pour s’en aller quêter le lustre de sa couronne sur les fronts du Dehors? Aurait-il fait le pari d’effacer l’humiliante défaite des régionales en posant, la mine séraphique, aux côtés de Barack Ier et de son sinistre cousin Wladimir le Blafard, Volodia le Cruel? Pour cette scène de vitrail, serait-il prêt à vendre sa mère? Assurément. Car il s’inquiète de subir une double débâcle. Vienne en effet sa monstrance à se briser telle la banquise du Grand nord, qu’il lui faudrait alors avaler jusques à la lie le bouillon qui lui sera servi par ses sujets à l’orée de l’hiver. A des fins de se garder de toute souillure infamante, il a pris grand soin de ne point de se commettre dans les préparatifs de la bataille. C’est le comte Valls qui s’y colle. Seul contre tous. Seul à défier Bloody Marine, seul à tenter calmer les ardeurs de Supermacron, seul à faire les yeux doux aux féaux de Monsieur de Sarcosie à des fins de les convaincre d’accepter de morganatiques épousailles avec les sans culottes. – Il est à poil, persifle Artois qui, selon ses propres mots, en tombe de l’armoire. La cause de son roi est perdue dans des proportions inédites depuis l’avènement de Charles le Grand. Le Flou est si impopulaire qu’il s’en vient même de disparaître des esprits de certains milieux. Le chantier de la reconstruction de son image est un travail d’Hercule. En fait de rocher de Sisyphe, ils sont là, ses gens de Cour, ses imagiers, ses maîtres à penser, à trainer un boulet dont le poids se fait chaque jour davantage sentir. Voici la raison pour laquelle ils s’emploient, de frénétique façon, à restaurer une icône à présent piétinée, flétrie, par la cohorte grossie comme Loire en crue, des déçus, amers, tondus, floués, édentés et trahis. L’on a beau le parer des habits neufs du président Môa, tout à la fois embéguiné de Lucette, de Barack et de Wladimir, la sanction de l’échec sonne telle les baffes qui claquent sur ses joues blettes. Le voici donc rongé par le doute: à présent que ses chances tiennent en la culotte d’une puce, il se jette à corps perdu dans un combat dont il entend établir casting et règlement.
– Serait-ce à dire, comte, qu’il a déjà choisi son adversaire? Et que le Bref ne rêve que de rejouer le match?
– Si fait, marquise. Mais le Bref lui-même se trouve également frappé du sceau de la malédiction.
– Entendez-vous, comte, que ses chances sont également compromises?
– A la parfin, marquise, chaussez donc vos besicles: Monsieur de Sarcosie se trouve distancé en sa propre famille tant par Monsieur de Juppé que par Monsieur de Fillon!
– Cela signifierait-il, comte, que le Flou, tout ainsi que le Bref, seraient en quelque sorte usés, et que leur duel ne serait qu’une resucée?
-… Une vieille série surjouée par deux Has been réduits à écumer les maisons de retraite à l’heure de la sieste.

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13Mai/16Off

De l’art

Chacune des périodes successives dans le développement de l'art est caractérisée par le fait que les deux forces fondamentales de sa nature s'unissent toujours plus étroitement. La répulsion qui éloignait l'une de l'autre ces forces commence à diminuer; à partir de ce moment le moi supérieur ne croit plus faire une grâce à son frère plus violent et plus terrestre en se mettant à son service, car il l'aime et ne peut plus se refuser à le servir. Lorsqu'elles ont acquis leur plein développement, la délicatesse et la pureté les plus parfaites se retrouvent aussi dans les manifestations de la force; l'impétueux instinct suit son cours comme auparavant, mais dans d'autres régions, celles du moi supérieur et celui-ci, à son tour, s'abaisse vers la terre et reconnaît sa propre image dans tout ce qui est terrestre. S'il était possible de parler de la même manière du but final et de l'issue de ce développement, tout en restant compréhensible, on pourrait espérer trouver aussi l'expression imagée qui servirait à désigner une longue période intermédiaire dans le développement; mais, comme je doute de la première possibilité, je renonce aussi à m'aventurer dans la seconde. Au point de vue historique, cette période intermédiaire peut être isolée par deux mots de la période qui la précède et de celle qui la suit: Wagner se transforma en révolutionnaire de la société; il reconnaît dans le peuple poète le seul artiste véritable qu'il y ait eu jusqu'à présent. L'idée maîtresse qui s'imposa à lui, sous une forme nouvelle et plus impérieuse que jamais, après le profond désespoir et le repentir par lequel il avait passé, le conduisit à ces deux conceptions: Exercer de l'influence, faire de l'effet! Faire de l'effet, exercer une influence incomparable par le théâtre!... Mais sur qui? Il frémissait en songeant au public sur lequel il avait voulu porter jusqu'à présent. Il se rappelait sa propre aventure pour comprendre toute l'indignité de la position où se trouvent l'art et les artistes; pour comprendre comment une société sans âme ou dont l'âme est endurcie, une société qui voudrait passer pour la bonne et qui n'est au fond que la mauvaise, traîne à la suite l'art et les artistes, pour les faire servir à ses besoins factices.

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